Cancer et solitude
Nombreuses sont celles et ceux, qui font le très amer constat, de voir bon nombre de leurs proches s’éloigner et pour certains jusqu’à disparaitre, dès que le cancer est annoncé à l’entourage. Comme si la maladie ne suffisait pas ou comme si vous étiez coupable d’être malade voire contagieux, la désertification et l’éloignement de l’entourage allant parfois jusqu’à l’isolement complet, ne sont malheureusement pas des cas très rares.
… Pas de méprise, je ne vais pas me risquer à apporter un jugement ou à énumérer les différentes raisons, qui poussent les personnes à faire le choix de la rupture, avec le malade. J’imagine que leur raison aussi justifier soit-elle ou pas, est pour ces personnes un motif tout à fait louable.
Les témoignages que l’on peut lire ici ou là, mais aussi les personnes avec qui j’évoque ce sujet l’ont pour beaucoup vécue et dans tous leurs cercles de connaissances. Qu’il soit professionnel pour commencer. Bien évidemment l’arrêt de travail contribue pour beaucoup à cette rupture sociale mais pas seulement. Nous avons tous des collègues avec qui les relations sont plus que professionnelles. Pour autant les habituelles invitations aux parties barbecues à l’arrivée des beaux jours deviennent plus que rares pour ne pas dire inexistantes. Et il en est également ainsi pour les amis hors cadre professionnel. Et là ce n’est pas l’arrêt de travail qui pénalise, au contraire, votre disponibilité est hélas plus grande, du moins quand l’état de santé le permet… Et puis il y a la famille la plus proche conjoint, parent, enfant, celle avec qui vous partagez le quotidien et puis la famille en général. Et là aussi les témoignages affluent. Beaucoup de femmes et quelques hommes, racontent leur solitude, la disparition des proches, la rupture du couple pendant ou après le parcours médical. Il est vrai que l’annonce est un choc, un bouleversement y compris dans le proche entourage et notamment pour le conjoint et les enfants. Voir souffrir et changer physiquement la personne qu’on aime sont très dur et douloureux à vivre. Certains enfants en veulent même à leur parent d’être malades. Très certainement une réaction de rejet de la maladie de sa maman ou de son papa…d’où la nécessité à se faire accompagner par les professionnels qui vous suivent y compris les psychologues ainsi que pour les proches.
Le soutien est indispensable à tous les stades de la maladie et même après. La dépression est très courante et peut s’installer à tout moment, y compris à la reprise de l’activité professionnelle. Le retour à l’emploi s’il est une phase importante pour l’équilibre et la reconstruction de la personne il est extrêmement délicat et nécessite un soutien et accompagnement. Il en est de même dans la vie de tous les jours. Une personne qui se sent soutenue, comprise mais aussi respectée donc avec un statut autre que celui d’un simple « cancéreux » aura un parcours et une suite de parcours avec des chances d’être bien moins chaotique que celui d’une personne isolée, non soutenue, et sans lien social et affectif, le tout dans un état dépressif conduisant certains d’entre eux à se poser la question : « pourquoi se soigner dans ces conditions ? » Certains n’y trouvant pas de réponse y renoncent…
Au-delà de l’aspect personnel cela pose la question troublante de la place non pas du cancer mais du « cancéreux » dans notre société.
Je ne peux m’empêcher de faire le parallèle et de trouver des paradoxes, avec une enquête récemment publiée et que j’ai également commenté dans un précédent article et intitulé « Cancer recherche et condition de vie des malades », comme quoi les Français sont plutôt optimistes face à la lutte contre le cancer et que celui-ci ne signifie plus une issus fatale…
Etre vivant physiquement, parfois en survie psychologique, mais mort socialement quel est l’intérêt ?
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