Les causes du cancer : une hiérarchie des risques encore trop souvent mal perçue par la population
Si les Français s’estiment bien informés sur les causes du cancer, leur perception de l’importance des différents facteurs dans la survenue de la maladie est souvent bien éloignée des connaissances scientifiques. Les risques majeurs sont supplantés par des risques qui sont certes au coeur des préoccupations actuelles de la population, mais dont l’impact sur la survenue d’un cancer est moindre, ou pas encore scientifiquement validé.
Comme le souligne le Dr Catherine Hill dans un récent article du Bulletin Ethique et cancer(1) : «ces facteurs de risque fantasmés occultent les facteurs de risques avérés comme l’alcool ou le tabac, alors que :
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Comme le soulignaient la directrice générale de l’Inpes, Than Le Luong, et la présidente de l’INCa, le professeur Agnès Buzyn, lors de la présentation des résultats du Baromètre cancer 2010, la multitude des informations délivrées sur les risques de cancer peut donner à la population «l’impression d’être submergée. Le fait de tout mettre au même niveau entraîne une mise à distance des risques réels. Confrontés à la multiplication des facteurs de risque, les Français ont le plus grand mal à les hiérarchiser et tendent à s’enfermer dans une attitude de déni»(2).
Le développement d’Internet et la multitude des informations qui y sont diffusées ont probablement accentué ces difficultés à hiérarchiser l’information.
L’enquête «Prévention et image des facteurs de risque du cancer auprès du grand public»(3), illustre bien cette difficulté. Elle révèle une vision fataliste du cancer associée à une attitude résignée, liée au sentiment de ne pas maîtriser les risques et de ne pas en comprendre le poids réel :
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Certaines personnes, incapables de faire le tri dans les messages diffusés vont alors utiliser l’information pour modeler leurs propres croyances. C’est ainsi que de nombreuses idées fausses, qui relativisent notamment les dangers du tabac ou de l’alcool sur la santé, sont encore largement répandues(4), par exemple :
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Pour le Dr Catherine Hill, «Face à des informations confuses, contradictoires, non hiérarchisées, voire complètement infondées, la population peut opter pour des stratégies individuelles de prévention aux conséquences catastrophiques : ainsi parce qu’ils font de l’exercice physique, mangent 5 fruits et légumes par jour ou mangent bio, certains pensent que leur risque de cancer est réduit et en déduisent qu’ils peuvent continuer à fumer. Ceci reflète une ignorance profonde de la hiérarchie des risques.»
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(1) HILL C, Communiquer sur les risques de cancer en France est une nécessité, Bulletin Ethique et cancer n°12, mars 2013, disponible en ligne sur le site www.ethique-cancer.net
(2) Les Français face au cancer : l’indéniable déni des facteurs de risque, 21 juin 2012, Impact Médecine.
(3) Sondage IPSOS pour la Fondation ARC, réalisé le 17 décembre 2012 sur un échantillon représentatif de la
population française de 1 022 personnes de 15 ans de plus.
(4) Baromètre cancer 2010.
Extrait choisi du rapport 2012 de l’Observatoire sociétal des cancers,
Les Français et les causes du cancer : encore beaucoup trop d’idées fausses - page 100
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